La blouse grise
Grise
était la blouse fraîchement repassée
Il
me revient aussi son odeur de propre
Son
grain légèrement rêche et son aspect
Flattant
du gamin que j'étais, l'amour-propre
Dans
ce coin de mémoire elle est en premier
Symbole
d'école et même du lycée
Celle
que l'on porte en toute égalité
Pauvres,
aisés, fils de patrons ou d'ouvriers
Il
me revient à l'esprit cet encrier
La
plume Sergent major qu'on y trempait
Tâche
qui s'échappe par buvard absorbée
Qui
gâche la page de l'élève appliqué
Trône
la maxime du jour au tableau noir
Ronronne
non loin de l'estrade le poêle à bois
Sur
le pupitre: livres, cahier de devoirs
Souvenirs
jaunis de la classe d'autrefois
On
voyait le ciel par les hautes fenêtres
Mais
c'est sur les cartes que je vivais mes rêves
L'Asie
déjà, des fleuves les sources champêtres
Et
ces montagnes, scènes de guerres et de trêves
Ces
murs, des frontières terrestres et humaines
Qui
m'interrogeaient, m'attiraient, me blessaient
Auront
fait de moi un pâle spécimen
D'
explorateur de ce monde qui s'ouvrait
Ces
envies de départ qui prennent corps
Qui
naissent, se développent et grisent
De
ces bancs d'école ont connu le décor
Et
le carcan protecteur de ma blouse grise
© Gérard Dézèmerie
10/04/2021
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