Chine des années 80
J'ai connu les panneaux révolutionnaires
Les rues sombres et boutiques tristes
Toute publicité n'avait, c'était réglementaire
Aucun droit de cité en pays communiste
Place Tianan' Men les soldats paradaient
Au mausolée de Mao les enfants attendaient
La file s'allongeait pour, en face du Timonier
Un très court instant pouvoir enfin s'incliner
Non loin de là les hutongs, improbables ruelles
Ponctuées de portes en bois et cours carrées
Cachaient au touriste, promeneur accidentel
Des vies laborieuses sous suspicion exacerbée.
A Nankin la chanteuse superbe au corps élancé
Au restaurant tournant de la tour moderne
Un retour nostalgique vers l'empire oublié
Et la jupe fendue, réminiscence pérenne.
A Suzhou les canaux qu'utilisaient les sampans
Traversés par les ponts aux courbes marquées
Donnaient à la ville jardin, de l'âme ce supplément
Que seul l'Orient véhicule et marque à jamais.
Shanghai affichait encore son histoire coloniale
Sur le Bund les pratiquants de kung fu en tunique
Et quelques passants en promenade familiale
Composée des seuls parents et de l'enfant unique.
Canton grouillait déjà de marchés matinaux
Rêvant de liberté au bout de la rivière des perles
Qui acceuille les flottilles de dizaines de bateaux
Que les marins des voiles soigneusement ferlent
Hong Kong "port parfumé" selon la tradition
Porte vers l'Occident, enclave de modernité
Appartenant encore à la lointaine Albion
Affichait fiers buildings sur sa possession.
Soudain, l'improbable cataclysme éclate
Je vois, je vis Tianan'men en ébullition
On agite partout le drapeau écarlate
Quelques jours seulement éphémère révolution !
Je ne connais plus de ce pays que les reportages
Je voudrais à nouveau revoir le Hunnan émouvant
Admirer les monts et de la rivière Li les rivages
Et dans les temples respirer l'odeur de l'encens.
Le temps a couru et tu fus de loin la plus rapide
Tu n'es plus la même, la fièvre t'a gagnée
Pense à tes racines, soigne tes plaies fétides
Puise à nouveau dans la sagesse trop oubliée.
Gérard Dézèmerie
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