Le colibri

Le feu éclate et ravage toute la forêt

Craquent tous les arbres qui crissent et geignent

L'éther de leur âme alimente le foyer

La sève s'échappe de leurs veines qui saignent.


Piégés, par milliers les animaux périssent

D'autres paniqués , effrayés et apeurés

Cherchent à fuir la fureur dévastatrice

De la chaleur étouffante, le bruit, la fumée.


Près du ruisseau, affairé, seul, le colibri

Dedans son bec absorbe quelques gouttes d'eau

Et fier pompier les déverse sur l'incendie

Ce qui sauvera au mieux une herbe, un rameau


Les autres oiseaux, médusés, l'interrogèrent :

Ton acte bien qu'héroique est remarquable

Mais n'apporte aucune solution à l'affaire

Rien qu'une insignifiante pissette minable.


Oui répondit l'oiseau, il ne m'appartient pas

A moi seul d'arrêter ce violent cataclysme

Mais je fais ma part et n'en dérogerai pas

Ni ne m'enfermerai dans l'individualisme.


Si tous autant que nous sommes, ainsi par milliers

Transportions dans nos becs et aussi nos gosiers

Mille et une gouttelettes jetées sur le brasier

La forêt et ses habitants seraient sauvés


Se retournant alors il vit un pélican

Le héla et le persuada d'en faire autant

Soudain une armada de ces voiliers géants

A la rivière, leur poche remplirent prestement


Des tonnes d'eau sur la forêt ils déversèrent

Sauvant d'un coup d'ailes moult victimes de l'enfer

Un simple colibri prouvant que pour bien faire

L'union à l'égoïsme est souvent salutaire.



Cette métaphore du colibri a été évoquée par le remarquable Pierre Rabhi; les Amérindiens à l'origine dans leur légende y avaient adjoint les pélicans.

« La source du problème est en nous. Si nous ne changeons pas notre être, la société ne peut pas changer”  Pierre Rhabi



   Gérard Dézèmerie

   (27/04/2020) 




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