Un merveilleux cerisier

 





En ce joli temps-là, la sérénité printanière

Eveillait doucement l'empire du Milieu

Et dans les vergers, les cerises, toutes premières

Rougissaient tant qu'elles rendaient Tchi-Pahan heureux.


Bouddha s'en réjouit mais s'inquiéta soudain

Car l'homme au fond de lui avait l'âme assassine

Rêvant de devenir l'héritier du voisin

Qu'il hait, jalouse à l'envi et abomine.


Si Pao-phi mourrait, il obtiendrait ainsi

Son prolifique terrain qui jouxte le sien

Et pourrait y planter un verger si joli

Qu'il ferait l'admiration de tout un chacun


Lors, Bouddha qui sait lire dans toutes les pensées

Assombrit soudain le ciel, cacha les nuages.


Pao-Phi pendant ce temps partit au marché

Il était un homme doux, heureux personnage

Il aimait son prochain et les franches amitiés

Tchi-Pahan l'arrêta et lui tint ce langage :


"Mon très cher ami et mon bien aimé cousin

Pourquoi aller si vite sans même vous reposer

Nous sommes voisins et nous connaissons bien

Daignez faire une halte et vous désaltérer"


Le marcheur s'arrêta, doutant du jugement

Qu'il avait jusqu'alors de ce parent lointain...

"Admirez mon cerisier de fruits, tant chargé

Il est merveilleux et un secret il détient."


L'hôte insistait en montrant cet arbre fruitier

"Voyez comme il est beau, regardez, admirez!"

"Ses cerises sont si fermes qu'on ne peut s'arrêter

D'autant que ...les manger procure l'éternité."


Lors Bouddha qui seul est éternel,

Assombrit soudain le ciel et cacha le soleil


"Il va semble-t-il pleuvoir, allez cher ami

Dans l'arbre grimpez et plus haut, plus haut montez

Profitez de ces fruits mangez je vous en prie

Revenez à moi , fêter votre éternité. "


Pao-phi confiant se pensant surnaturel

Dans le vide se jetant risque une mort certaine

Tchi-Pahan est ravi, cet odieux criminel !

Et laisse éclater sa satisfaction, sa haine.


Lors Bouddha tendit sa main fermement.

Et porta Pao-Phi jusqu'au sol doucement.


L'assassin soudain par son mensonge convaincu

Se hisse, grimpe à l'arbre et monte jusqu'au sommet

Mangeant, récupérant de ces fruits la vertu

Dans le vide il se jette, au sol il s'est tué.


Lors Bouddha à ce moment sa main avait retiré

Sans support divin, l'homme est tombé


Pao-Phi, le terrain du voisin hérita

De sa maison aussi et au village on dit

Que de très nombreux cerisiers il replanta

Et un fabuleux temple à Bouddha construisit.



Fable de Gérard Dézèmerie  (Mars 20) inspirée d'un conte “Un merveilleux cerisier” paru dans l'ouvrage de Gisèle Vallerey “ édité en Février 1980 

 

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