Voyages en Orient
Pourquoi ne pas avoir chaque soir reporté
En direct ces émotions perdues à jamais
Dans les vallées de l'Indus ou du Gange
Des monts du Zanskar et plaines étranges
Des fêtes indiennes et mariages princiers
aux moments plus intimes sur le sol partagés
Avec les pauvres, les sans-rien qui donnent encore
les moines errants, pélerinages multicolores
Cachemire, Rajasthan, Dharamsala, Pushkar,
sur ces terres empruntes d'une sérénité rare
Ne pas chercher à comprendre et vivre le moment
mais sans avoir noté le frisson de l'instant.
Ma mémoire se souvient, mais moins bien,
Car le temps érode les souvenirs lointains
Et leur enlève à jamais ce supplément d'âme
Dont le présent alors possédait le sésame.
Que n'ai-je ce papier dans la poche glissé
Papier taché, troué, déchiré, froissé
Mais qui par chance encore peut-être aurait
Une tâche, une senteur, une odeur imprégnée ?
L'homme est ainsi fait, faut-il croire
Qu'il lui semble pouvoir garder en sa mémoire
La succession de chaque geste et fait
Alors qu'il sait que tout au vent disparaît.
Mais il reste en mon cœur,
Mais il reste en mon âme,
L'irremplaçable bonheur
D'en garder une trame
Gérard Dézèmerie
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