Voyages en Orient



Pourquoi ne pas avoir chaque soir reporté

En direct ces émotions perdues à jamais

Dans les vallées de l'Indus ou du Gange

Des monts du Zanskar et plaines étranges


Des fêtes indiennes et mariages princiers

aux moments plus intimes sur le sol partagés

Avec les pauvres, les sans-rien qui donnent encore

les moines errants, pélerinages multicolores


Cachemire, Rajasthan, Dharamsala, Pushkar,

sur ces terres empruntes d'une sérénité rare

Ne pas chercher à comprendre et vivre le moment

mais sans avoir noté le frisson de l'instant.


Ma mémoire se souvient, mais moins bien,

Car le temps érode les souvenirs lointains

Et leur enlève à jamais ce supplément d'âme

Dont le présent alors possédait le sésame.


Que n'ai-je ce papier dans la poche glissé

Papier taché, troué, déchiré, froissé

Mais qui par chance encore peut-être aurait

Une tâche, une senteur, une odeur imprégnée ?


L'homme est ainsi fait, faut-il croire

Qu'il lui semble pouvoir garder en sa mémoire

La succession de chaque geste et fait

Alors qu'il sait que tout au vent disparaît.


Mais il reste en mon cœur,

Mais il reste en mon âme,

L'irremplaçable bonheur

D'en garder une trame



                        Gérard Dézèmerie 
                                                                                                                                                                    2019


Commentaires