Plus tard quand je serai vieux
Plus tard quand je serai vieux, je serai un enfant.
Je ne veux pas dire que je retomberai en enfance, c'est-à-dire "sénile" , mais qu'au contraire, j''aborderai la vie avec plus d’acuité, de sérénité, de volupté ;
que je n'en verrai uniquement les bon côtés, ceux qui ne s'encombrent pas de travers, d'obligations, de tourments et de compromis;
que je m'accorderai le bonheur de jouer d'instruments savants et mélodieux au cas où la métempsychose existerait et me permettrait alors de renaître véritable musicien,
et, qu'en relisant Lamartine, Verlaine et François Villon et en écoutant Brassens, Brel et Chelon. je serai alors véritable poète et troubadour dans une autre vie.
Ne comptant plus mes derniers deniers, j'éviterai de me réincarner en banquier mais en chérissant et feuilletant mon passeport, je garderai le goût de toujours voyager pour ma prochaine existence .
Plus
tard quand je serai vieux, je chaufferai mes os à la flamme de ma
cheminée, je frotterai mes neurones à l'aimable nostalgie de mes
souvenirs et au nectar du temps présent.
Je m'interdirai de penser à demain, m'autorisant "tout à l'heure" comme but le plus lointain et cultiverai la science de l’ubiquité pour m'assurer l'omniprésence auprès des gens que j'aime.
Le
mot est lâché : Amour. Quand je serai vieux je n'accepterai
pas une fraction de seconde sans amour, un instant sans amitié, sans
un souffle affectif, sans une pensée tendre. Et si personne n'est à
côté de moi, on ne sait jamais, à ce moment-là, je
placerai tous ces sentiments à l'abri, tout frais, tout beaux, tout
neufs pour que vous les distribuiez quand je ne serai plus là aux
tristes, aux pauvres, aux amoureux transis, aux enfants délaissés,
aux Valentines et Valentins oubliés...
Quand
je serai plus vieux, que mon corps me fera souffrir, je lui ferai un
pied de nez et focaliserai mon énergie sur mon esprit pour qu'il
continue, autant que faire se peut, à me
combler en me
nourrissant de pensées gaies, poétiques, pétillantes et positives.
Quand
je serai vieux... Mais l'heure a déjà sonné et il est temps
d'oublier futur simple et futur antérieur pour ne conjuguer qu'au
présent et changer cette élucubration conditionnelle en ligne de
vie bien actuelle.
Me
voilà donc très occupé pour quelques temps... parce que :
Quand
je suis vieux.
Je suis débordé ...
Tous les jours un
peu plus vieux...mais tellement heureux.
© Gérard Dézèmerie 01/02/21
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